La délégation Haïtienne a fait vibrer la SCUE

Deux jeunes Haïtiens ont participé à la 1ère édition de la Simulation du Conseil de l’Union européenne, qui a eu lieu à Montréal du 4 au 7 mai derniers, dans le but d’en connaître davantage sur les métiers des acteurs de la vie politique européenne.

Le comité des simulations universitaires de l’Université de Montréal et la Société Jean Monnet a donné la chance, cette année, à de jeunes leaders de se mettre dans la peau de politiciens européens, de rapporteurs de comités ministériels et de journalistes. L’objectif? Recréer, pendant trois jours, le vrai déroulement d’un Conseil de l’Union européenne tout en reproduisant les travaux des ministres des États membres de l'Union européenne au sein de cette instance législative.

Pour cette première édition, la délégation haïtienne avait pour mission de défendre les intérêts de la Belgique. Deux jeunes leaders haïtiens ont pris part à cette activité combien instructive! Il s'agit de Kenley Talmer, ministre de l'Intérieur et Ornica Daudier, ministre de l'Économie et des Finances. Ils ont débattu et négocié des résolutions législatives relatives aux enjeux européens actuels dont, entre autres, la lutte contre le terrorisme, l’accueil des migrants et l'évasion fiscale.

Photo Credit: Lia

Durant ces trois Jours de débats et de négociations, les jeunes Haïtiens ont secoué les assemblées avec leurs allocutions et leurs propositions d’amendements. Les apprentis ministres ont fait un exposé de sujets pointus à la une de l’actualité, en alternant des sessions plénières et des commissions ministérielles. Dans le souci de vous faire revivre l'intensité des débats, voici trois extraits des allocutions du jeune ministre de l'Intérieur belge, Kenley Talmer.

Allocution sur l’accueil des migrants

Madame la Présidente,


Madame la Secrétaire générale,


Mesdames et Messieurs les Ministres,



La crise humanitaire qui frappe l'Europe en ce moment nécessite une réponse urgente et rationnelle. L'UE a pour vocation d'accueillir ceux qui fuient les persécutions ou les conflits. Pour ce faire, l'UE doit se donner les moyens et chercher les solutions à travers la cause principale du déplacement de migrants, soit la guerre. En voulant chasser des dictateurs, on a créé un chaos dans leur pays. 

Il faut discuter avec les protagonistes afin de régler les conflits. Sinon, les gens vont continuer à nous envahir, car ils ne partent pas pour faire du tourisme, mais bien pour sauver leur vie.



Enfin, le Grand Chiler a dit un jour et je cite : « La dignité humaine est remise entre les mains des hommes et des femmes d'État ». (Fin de citation)



En ce jour, je souhaite reprendre cette belle phrase de Chiler pour vous dire, mes chers collègues ministres, que la dignité des migrants est remise entre nos mains et qu'il faut la garder avec sérieux.



Vive l'Europe! Vive l’humanité universelle!

Allocution pour répondre à la ministre de la Justice polonaise

Madame la Présidente, 


Madame la Secrétaire générale,


Mesdames et messieurs les ministres,

Depuis quelque temps, nous constatons avec tristesse que la méditerranée est devenue un cimetière à ciel ouvert où des centaines d’hommes et de femmes perdent leur vie chaque jour. C’est avec cette même tristesse que j’ai écouté avec une attention très soutenue le discours de la ministre de la Justice polonaise demandant de renvoyer les migrants dans leurs pays d'origine. Laissez-moi, par votre entremise, Madame la Présidente, rappeler à la ministre polonaise qu’il est du devoir de tout citoyen d’intervenir, de porter secours là où des vies humaines sont en danger. De plus, Madame la Ministre, nul ne quitte sa famille, ses amis, son pays sans raison politique et économique, car l'immigration est d’une douleur atroce. On ne doit pas voir les migrants comme un problème, mais tenter de comprendre ce déplacement d'êtres humains.

L’UE est en guerre en Syrie, en Libye, ce qui déclenche un grand flux migratoire. Et vous demandez de fermer les frontières, Madame la Ministre?

Quand les frontières se ferment, les coeurs se ferment aussi. Quelle honte! Accueil, solidarité. Silence!

Photo Credit: Lia

Mes chers collègues, sachez que le renforcement des frontières n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. Le Migrant, une fois à bord du bateau, ne peut faire l’objet d’aucune mesure concrète pour être convaincu de faire demi-tour. Aujourd’hui, il revient à l’Europe d'arrêter ses guerres, de changer ses politiques commerciales agressives avec l'Afrique qui sont à la base même du déplacement des migrants.

Merci!   

Allocution sur l’accueil des migrants

Madame la Présidente,


Madame la Secrétaire générale,


Mesdames et messieurs les ministres,

Merci encore une fois à tous ceux qui nous ont apporté leurs supports et qui nous ont offert leurs sympathies lors des derniers actes barbares survenus sur le sol belge.

Mes chers collègues, j’ai écouté avec intérêt vos discours sur la lutte contre le terrorisme. Cela m’a fait pensé à un brillant médecin Haïtien, le Dr Valery Moise qui, dans son texte intitulé Que nous enseigne le terrorisme, nous dit et je cite : « À chaque fois que l’homme moderne se complaît de la nonchalance de son bien-être individuel, à chaque fois qu’il s’imagine que l'éloignement géographique le met a l’abri de certaines menaces, à chaque fois qu’il regarde de haut les défis des autres, il est brutalement réveillé et entraîné dans des horreurs d’une réalité qu’il est souvent incapable de gérer.» (Fin de citation)

Et Un homme d'une grande sagesse a comparé un jour l'injustice à un feu qui se propage dans le voisinage. Et de conclure que si l'on ne fait rien pour l'éteindre, même si son foyer se trouve dans un voisinage lointain, ce feu finit un jour par arriver à la porte de notre propre maison.Pendant longtemps, on a pensé que Paris et Bruxelles étaient loin de la Libye, que rien ne pouvait nous arriver. Nous avons eu tort de le croire, car en novembre dernier la France s’est malheureusement réveillée dans une rivière de sang.  

Photo credit: Lia

Aujourd’hui, il faut que vous compreniez qu’on ne règle pas un problème en s'attaquant aux conséquences, mais plutôt aux causes. Depuis ce matin, tous vos discours tournent autour des conséquences du terrorisme. La bataille contre le terrorisme ne se gagnera pas dans la violation des droits de l’homme, ni dans les bombardements. La cause du terrorisme se trouve dans la guerre que se livrent les grandes puissances de ce monde pour dominer une zone géographique qui produit une immense richesse. C’est cette guerre-là qu’il faut arrêter!

Mesdames et Messieurs les Ministres, le crime n’a pas d'origine sociale, mais plutôt une origine idéologique et humaine. Je ne voterai pas pour un texte qui permettra à un groupe organisé de faire, avec les institutions étatiques, ce que font Daesh et les autres groupes parce qu’aucune loi ne pourra justifier, dans une démocratie, une violation de la dignité humaine.

Et ce, même si elle repose sur l’intérêt public.

Merci beaucoup!