Lettre à Mon Père
Credit Photo: Jessartes |
Un anniversaire rime avec célébration, mais également avec méditation, autoévaluation, introspection. De plus, il y a de ces âges qui méritent d’être célébrés d’une façon particulière pour tout ce qu’ils nous apportent. Je souhaite dédier le moment de réflexion précédant l'arrivée de mon nouveau printemps à l’une des personnes les plus importantes de ma vie. Un être exceptionnel qui a fait de moi l'homme que je suis aujourd’hui. Papa, je sais que de là où tu es, tu ne pourras pas lire mon texte, mais mes mots se rendront tout de même jusqu'à toi. En effet, comme nous sommes spirituellement liés, tu sauras ressentir mon sentiment en cette journée si spéciale de ma vie.
Papa, j’ai beaucoup appris.
Souvent, nous ne réalisons pas combien nous sommes privilégiés de pouvoir compter sur la présence de nos parents dans nos vies. Jusqu'à ce que la mort nous rappelle que rien n’est acquis dans ce monde. Il aura fallu ton départ pour que je comprenne l'ampleur de ma chance. Tu es un maitre invisible, un géant dans l’ombre duquel j’ai fait mes premiers pas. Papa, tu fais partie de ces hommes et ces pères qui, même dans les pires situations, n’ont jamais cherché de prétextes pour ne pas assumer leurs responsabilités. Tu as sacrifié ta jeunesse pour que nous ne souffrions d’aucun manque. Tu étais l’élu qui devait nous tirer du bas niveau de l’échelle sociale. Souvent, je me demande comment tu as réussi à endosser un rôle aussi ingrat avec autant d’amour et de passion. Pa, je suis honoré de t’avoir comme père. Un jour, je prendrai plaisir à dire à mes enfants qu'ils ont le meilleur grand-père du monde!
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Papa, tu aimais les gens. Tu aimais la vie. Tu croyais fermement que la dignité, le sens de l’honneur et la parole donnée confèrent la noblesse à ceux qui n’ont pas de fortune. Je veux croire que ta simplicité, ton enthousiasme et ta miséricorde ont fait de toi un homme heureux qui a construit son bonheur en se mettant au service des autres. Tu m’as offert une éducation et des armes spirituelles pour affronter sereinement la vie. Merci Papa de t’être ainsi sacrifié pour nous. Je te suis infiniment reconnaissant. Tu aimais dire que le choix de femme que fait un homme influencera la direction qu’il prendra. En regardant ma mère, je vois combien tu as été ambitieux et visionnaire. Merci d'avoir choisi cette femme extraordinaire que j'appelle fièrement maman.
Déjà deux ans depuis ton départ et je n’arrive pas encore à complètement faire mon deuil. L’affection que je te porte est tellement intense que j’ai l’impression d'être devenu handicapé. Depuis que tu nous as quittés, je culpabilise de ne pas avoir profité pleinement de ta présence. Néanmoins, ton départ m’enseigne beaucoup de bonnes choses. Je t’aime papa, même si je n’ai pas eu souvent l’occasion de te le dire. Je te garde près de moi, dans mon cœur, afin que tu me serves de guide et d'exemple précieux. Il y aura toujours une place libre à la table familiale, en guise de représentation physique du vide que tu as laissé dans nos cœurs et dans nos vies.
Papa, j’ai grandi.
Même si 30 récoltes de café se sont déjà écoulées, je demeure ce gentil petit garçon pour qui tu cuisinais avant d'aller au jardin. En 30 ans, j’ai livré des batailles, j’ai fait des choix, j’ai assumé des responsabilités. J’ai franchi des étapes sans jamais laisser derrière moi les valeurs que tu m’as inculquées. De ces expériences et de ces choix, j’ai tiré des leçons que je partagerai volontiers avec mes enfants comme tu l’as fait avec moi.
Credit Photo: Jessartes |
Papa, après avoir monté ces 30 escaliers, je comprends que la vie est semée d’écueils et qu'elle est un enchaînement ininterrompu de déboires et de calamités. Malgré tout, on ne doit pas se laisser aller au désespoir, car celui qui désespère est déjà mort. Il nous faut avoir foi en un lendemain meilleur, et ce, même au milieu de la tempête. L’espérance nous rend plus forts que le rocher battu par des vagues tumultueuses. J’ai appris que je dois être joyeux dans l’espérance, patient dans l’affliction et persévérant dans la prière. J'ai également compris que les biens que je possède sont passagers et incertains. Enfin, j’ai appris que la vie est un cycle karmique. Le mal ne reste jamais impuni et le premier juge qu’il rencontre est notre propre conscience.
Ma plus récente leçon, je l’ai tirée de l’un des textes de mon frère Valery Moïse : « Avant de prétendre connaître les autres et leurs aspirations, connais-toi toi-même et triomphe de ton ego. Ne te limite jamais à ta pointure et aux sentiers battus. Chausse les souliers des autres et parcours leurs chemins. Comprends pourquoi ils sont tombés, honore-les et relève-toi. »
Merci pour tout Papa!
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